dimanche 11 mars 2007

RUPTURE 1/4

MONOLOGUE

J'aimerais pouvoir mentir plus longtemps, ce n'est plus possible. Un peu d'affection, tout ce que je voulais. Contact, chaleur humaine. De la bite.

Ce n'est pas suffisant. Je ne suis pas satisfaite. Insuffisant sous tous rapports. Ce que je veux c'est l'amour. Mais sans majuscule. Surtout pas avec une majuscule. Il y a une majuscule au Grand Amour ?

Ce n'est pas ma faute, j'ai essayé. Je devais le voir ce soir. Il ne viendra pas. Quelle excuse lui donner ? Pas besoin d'une bonne, un prétexte usé fera l'affaire.

J'essaie encore, même si un peu moins. Remarque que ce n'est pas sa faute non plus. Il s'est mis sur ma longueur d'onde et j'ai fait semblant que je me mettais sur la sienne. On devait aller faire du roller la semaine prochaine.
Est-ce vraiment impossible ? J'aimerais bien me forcer. Comme cela je le détesterai de plus en plus. J'en viendrai à le haïr et à souhaiter qu'il ne soit jamais venu en travers de mon chemin. Je le haïrai tellement que je pourrai lui faire les pires crasses. Son existence me sera tellement insupportable que j'en perdrai tout ce qu'il y a de bon en moi. Je serai méchante, la méchante. La salope dont les coups sont tellement bas qu'elle ne peut que le faire exprès. Celle qui n'a plus le bénéfice du doute pour elle. On la sait manipulatrice.

Bien sûr je feindrai l'ingénuité. Je ne le ferai pas exprès, de lui faire tant de mal. Appréhension et admiration dans le regard des autres : les féministes se rhabillent. Je serai cette femme forte et il se cachera sous son prépuce trop long.

Certains me diront hystérique.


DIALOGUE


-Je te dérange ?

-Non.
-Tu fais quoi ce soir ?
-Je ne sais pas encore.
-C'est-à-dire ?
-...
-Alors ?
-A priori rien...
-A priori ?
-Cela dépend de ce que tu propose.
-Tentée par une soirée télé ?
-Oui !


FEUILLETON TÉLÉVISÉ


Intérieur #1

-Tu m'as tellement manqué. Viens m'embrasser.
Elle s'avance vers lui d'un air distant. Elle l'embrasse du bout des lèvres, tout en prenant soin de toucher sa joue plus que sa bouche. Ses yeux regardent ailleurs.
-Que se passe-t-il, Camilla ? Il y a un problème.
Elle se retourne, ne pouvant supporter son regard ardent, dans lequel se lisent l'inquiétude, et la flamme du désir qui y brule encore. Elle se mord légèrement la lèvre, mais il ne peut le voir. Elle se retourne, face à lui, l'air décidée.
-Camilla ?

Intérieur #2 et intérieur #3
Chacun est au téléphone chez lui. L'un dans un bureau avec un téléphone filaire. L'autre se tient debout dans son salon, un sans fil à l'oreille.
-L'absence me pèse, Bruno.
-Ce n'est pas facile pour moi non plus.
Le premier se prend la tête entre les mains. Le second soupire.
-J'aimerais que tu ne sois pas si loin.
-Ne crois pas que ce soit facile pour moi.
-Téléphoner, c'est pire. Où va-t-on ?
Bruno s'assied dans son canapé, en laissant passer un instant.
-Tu as passé une bonne journée ?


CONCLUSION

-Je ne peux pas passer la soirée avec toi. Ni aucune autre d'ailleurs.


Et dire que demain je change de forfait de portable.

8 commentaires:

Chariotte a dit…

Lu et approuvé!

Antoine a dit…

Tu crois que quelqu'un d'autre nous lit ?

Claudia Jean a dit…

Moi aussi j'ai lu :)

william a dit…

i read what i'm told to read!

and translate what i can't read.

Glitter and Doom a dit…

Je vous lis, moi aussi...

raphael a dit…

je fais également partie des lecteurs assidus (eh oui j'ai tt lu!!! tout depuis vos débuts) je suis un grand fan ! quel style !! admirable :-) et quelle philosophie de vie...

PS.: pourrais-je avoir une photo dédicacée de l'équipe (avec les boites de conserve biensur)

Chariotte a dit…

Qu'est-ce qu'on est lu!

Anonyme a dit…

Antoine : mieux que Michaux!