lundi 18 juin 2007

Héliogabale

Hier, pour finir mon dimanche en beauté, je suis allé trainer aux Mots Bleus, petite libraire de quartier formidable qui a la bonne idée d'ouvrir le dimanche en fin d'après-midi. L'idée de départ était de trouver un livre de Sade qui m'inspire. Ma cul-ture littéraire laissant à désirer dans ce domaine.

Et comme d'habitude aux Mots Bleus, je repars avec autre chose, parce qu'il n'y avait rien de bien inspirant du côté de chez Sade. C'est donc sur les oeuvres d'Antonin Artaud que j'ai jeté mon dévolu. Et surprise, un micro événement autour d'Artaud avait lieu au même moment !

Il s'agit de lectures filmées d'Héliogabale ou l'Anarchiste courroné du même Artaud. Puisque j'avais le livre sous le bras, je n'ai pas pu refuser de participer.

Ni une, ni deux, je me suis retrouvé assis sur le canapé de la librairie à lire un passage du Berceau de sperme, la première partie du livre.

L'angle vidéo est un peu douteux et j'aimerais ne pas loucher autant lorsque je regarde la caméra, mais ce fut une expérience assez amusante.

Mon snobisme rampant me donnant en plus l'impression de participer à un événement trop cool et d'avoir infiltré des cercles inconnus.

Le résultat sur www.artecomochurros.com.

jeudi 7 juin 2007

Procrastination, suite.

Tout bon "procrastinateur" met en application sa méthode sur toutes les petites choses de la vie. La procrastination fonctionne aussi très bien pour : le ménage, les courses, la descente des poubelles, la douche, le lever, le coucher, la vaisselle, le repassage,... Je ne me qualifie donc pas de "bonne procrastinatrice". Je dirais même plus : le vrai paresseux, c'est celui qui ne repousse rien à plus tard, pour n'avoir plus rien à faire après.
Je confesse néanmoins une spécialisation : la procrastination sportive. "Demain, j'irai à Vit'halles". Ou "Demain, j'irai courir." Mais même moi, je ne suis pas dupe de moi-même.
En outre, ce message est la preuve vivante de la deuxième option dans mon cursus "pourquoi-faire-le-jour-même-ce-qu'on-peut-faire-en-catastrophe-dans-deux-mois-?" : la procrastination universitaire, évoquée plus tôt. Parce que, au moment où je compose cette phrase, à l'évidence, je ne participe pas à l'avancement de mon mémoire sur la crise du libertinage dans Faublas. C'est mal, Chariotte, tu devrais avoir honte.
Ah bon?

mercredi 6 juin 2007

L'art de la procrastination.

Le Petit Robert
Littér. Tendance à tout remettre au lendemain, à ajourner, à temporiser.
« Mon indécision, ma « procrastination », comme disait Saint-Loup » Proust.


Un peu comme Hamlet qui retarde le meurtre de son oncle, je retarde le moment de rendre mon mémoire. Mi-juin, date limite de retour. Que je transforme, comme par magie, et surtout par paresse, en septembre. Bye-bye vacances. Ça m’apprendra.
Comment l’annoncer à mon directeur de recherche adoré, en quatre points.
1) C’est l’été. Mettre une robe gaie et légère. Courte, pourquoi pas (attention, ne fonctionne que pour les élèves de sexe féminin). Aller l’attendre sagement devant son bureau.
2) Une fois qu’il est là, lui sourire. Important ça, le sourire. Puis prendre un air désolé, repenti. Articuler clairement le problème. Ne pas donner d’excuse, au risque de tomber dans la mythomanie. Et il n’y a jamais de bonne excuse, quand on a eu un an pour écrire 50 à 70 pages, et cinq heures de cours par semaine. Éventuellement mentir sur l’avancement du travail, pour ne pas l’affoler ni paraître vraiment nul(le). Encaisser sans broncher le mécontentement que cette mauvaise nouvelle provoque naturellement. Faire profil bas ou opter pour un brin d’insolence bien dosée.
Exemple :
Le prof : Pas avant septembre ? Vous allez recevoir une fessée.
L’élève : Mmmmmh.
Le prof : …
L’élève : …
Le prof : Bon, on enlève la fessée, cela vous ferait trop plaisir. »
3) Demander pardon et rappeler que l’ennui est partagé.
Et puis mince ! Il a bien annulé les trois derniers cours pour aller au Québec, lui ! Il a laissé quatre élèves faire des exposés, quatre cours en moins. Il a invité trois autres professeurs à faire une intervention, trois autres cours en moins. Sans parler de la première demi-heure de chaque cours, passée à ne rien dire. Je ne lui demande pas de boire la mer, juste de lire mon mémoire en septembre au lieu de juin (monologue intérieur).
4) Le remercier vivement pour ses conseils, sa compréhension, sa gentillesse, ce délai, cette année très intéressante, son humour, ses cheveux, … Pour n’importe quoi susceptible de lui faire plaisir. Partir en lui souhaitant de bonnes vacances, en s’excusant à nouveau. Promettre de faire « diligence » et bien.

Voilà, c’est fait. Je rentre chez moi. Bon, il me reste deux mois pour rédiger 60 pages, c’est assez. C’est même trop. Je me vautre dans le canapé devant Un, dos, tres, le pire du pire. Y’a le temps. Je me dis que tous les étudiants font la même chose, sauf ceux qui renoncent à la vraie vie pour étudier. Ceux-là, évidemment, ils ont le temps de rédiger un mémoire qui personne ne lira, pas même leur prof. Je passe en revue ma vrai vie de cette année. Aïe. Je me concentre sur la télé, c’est plus rassurant.
Je me vois déjà, fin août, angoissée de n’avoir toujours pas fini l’intro de mon mémoire. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même ; qui sème le vent récolte la tempête, etc.…
De toute façon, je travaille mieux dans l’urgence.

Une nuit, rue Lamarck

Le dimanche soir, une promenade dans le quartier est toujours la bienvenue. Cette fois, un appareil photo (le mien) était dans ma poche.
Tournage en cinq minutes, montage en deux fois moins de temps, j'ai l'honneur de vous présenter ma première vidéo arty dégueulasse !
Si cela intéresse un musée...

dimanche 3 juin 2007

Acceptation

Elle a eu bien du courage, cette brave Marie, de dire oui tout en bloc. Elle n'a même pas ressenti le besoin de convenir avec l'ange d'un petit mot secret qui ferait que le jeu s'arrêterait. Non non non. Fiat mihi secundum verbum tuum jusqu'au bout ! Si ça c'est pas de la dévotion.

Son mari, frustré de ne pas avoir pu la déflorer, se venge sur tout ce qu'il trou(v)e. La vie devient difficile, il est déjà si vieux. Il se sent tel une souris prise au piège. Sauf que quand c'est Dieu qui tend le piège, il faut en être content. Si d'autres ont mis du temps à le comprendre, notre nouveau papa, lui, est plus malin. Il se vautre dans l'obsession pour oublier que sa femme n'est déjà plus la sienne, qu'elle n'attend déjà plus que de monter au Cieux pour se marier son fils. Mais il n'est pas choqué, parce que plus tard son fils dira que chez son Papa (le vrai, pas celui qui s'est occupé de lui et a été présent toute sa vie, non le seul vrai père selon le petit Jésus: le père Créateur), les liens de parenté n'existent plus. Donc on peut se marier avec sa maman. Un névrosé d'une côté et un Oedipe irrésolu de l'autre.



Pour Marie, pratiquante émérite du SM spirituel (Ecce ancilla domini nous l'avons vu), ce n'est pas grave, elle aime ça. En plus, la maternité lui donne de joli seins.



Même si bien sûr ce n'est pas drôle ou facile tous les jours. C'est une femme délicate après tout et certains spectacles sont plus difficiles que d'autres à supporter.


Mais elle a dit oui, donc elle assume. Son mari et son fils assument aussi par la même occasion. Résignations en chaîne.

Fiat mihi secundum verbum tuum. Si elle avait su !

Au bord de la piscine, il y a longtemps déjà.

Sur la plage je suis belle. Au bord de la piscine aussi. Je suis belle dans mon maillot. Je suis belle même sans le haut. Ils regardent mes seins. Parce qu'ils sont beaux, parce qu'ils sont gros.
Comment est-ce que je serais avec des petits seins ? Mon ventre aurait l'air plus gros. De toute façon il est très bien maintenant. Avant la gym, comment c'était déjà ? Bien aussi finalement. Il faut que j'y retourne, à la gym.
C'est tout de même mieux de transpirer au soleil. Je me demande à quoi ressemble l'extérieur. Il faudrait sortir un jour. Je devrais trouver la liste des excursions. Mais avec qui y aller ? Tennis, clubs : la famille n'est pas franchement un soutien.
L'idéal serait que je me trouve quelqu'un. Mais aller l'aborder ? Pour lui dire quoi ? Et puis si je me retrouve encore une fois avec une fille plus belle que moi, c'est mort pour la fin de la semaine.
Je ne peux pas constamment me mettre à l'ombre d'une autre. Ou alors il faudrait qu'elle ait des petits seins. Histoire de ne lui laisser aucune chance. Mes gros seins sont les plus beaux.

mercredi 21 mars 2007

Soirée. 3/3

Acte trois, la boîte.
Je n’ai pas insisté, je lui ai juste suggéré qu’on pourrait aller danser ce soir.Il faut qu’il sache ce qui me plaît vraiment. En l’occurrence, la danse, j’ai ça dans la peau. Et puis, autant profiter de sa notoriété dans la « haute » parisienne.Mais ce n’était pas obligatoire. Il nous a inscrits sur une liste d’invités d’un club les plus célèbres de la capitale, très guindé. Toutes les filles sont superbes. Je suis intimidée. Ne t’inquiète pas, tu danses comme une déesse, tu vas toutes les éclipser, ses pétasses snobs. Je me rassure comme je peux. Ses amis sont au fond, autour d’une table, couverte de bouteilles de champagne. Il me présente rapidement à ses amis. Bonsoir. Ca va ? Je m’assieds, droite, digne. J’essaie d’engager une discussion avec mon voisin de gauche, mais la musique ne facilite pas les échanges. Alors j’attends, je regarde mon prince charmant discuter et rire avec ses amis. Ah, un air familier. Même, une chanson que j’adore. Je me lève très brusquement, sans me soucier du sursaut de surprise de mon voisin, qui renverse un peu du contenu de son verre sur sa chemise. Je trottine vers la piste, en faisant signe à ce garçon sexy qui est mon petit ami, lui demandant de me rejoindre. Il me voit, sourit mais décline l’invitation. Tant pis. Je me fraye un chemin vers le milieu, pour m’isoler un peu. Et je commence à me déhancher. Doucement, histoire de prendre le rythme, puis j’accélère. Je mise à peu près tout sur mes fesses. Je sais qu’elles plaisent. Mes seins, ça va. Rien à signaler. Normaux. Mais mes fesses… Et mon ventre plat, chose que toutes les filles n’ont pas, accentue la courbe du bas de mon dos.
Les réactions ne se font pas attendre. Un petit cercle de garçon s’est déjà dessiné. Mais je m’en moque, je ne suis pas là pour draguer. Juste pour danser, pour moi. Un audacieux se place juste derrière moi et se déhanche au même rythme que moi, tout près, au point que nos corps se touchent. Je ne veux pas d’ennui, alors je me retourne et lui fais un petit signe (pas touche) et un joli sourire. Très mignon, note mon esprit. N’y pense pas. Il a compris, me fait lui aussi un petit sourire désolé. Très mignon. Les chansons se suivent. Je reste. Rien ne m’arrête. Je secoue mes cheveux, longs. Je sais bien que les garçons trouvent ça excitant. Sexy. Je sais aussi que j’ai envie d’être sexy, d’être désirable. Rien ne peut m’en empêcher ce soir. Je veux le rendre fier, que ses amis en bavent d’envie. Je le cherche des yeux. J’ai réussi. Je peux lire l’admiration sur son visage et sur celui de ses amis. Je vois aussi l’air hautain que les filles ont adopté. Les hypocrites ! Oui, je suis sexy. Oui, j’allume les hommes. Mais tout est sans conséquence. J’énonce moi-même les règles, et les hommes les respectent. Du moins, ici. Mais c’est un code que je n’applique qu’ici. Je ne suis pas bête. Je retourne un peu sur le bord de la piste et insiste pour qu’il me rejoigne. Juste une danse. Une parade amoureuse. Pour nous mettre en appétit. Il refuse toujours. Tant pis pour lui. Mon « partenaire » mignon revient à la charge. Je ne le repousse plus aussi explicitement. Nous dansons ensemble, nous amusons. Il a un style de danse amusant mais sexy quand même. Classe. Décalé. Naturel. Il devient très entreprenant, et ça me fait rire.
Soudain, à ma gauche, comme pour me défendre de l’horrible dragon (ou de la tentation), mon cavalier attitré requiert mon attention. Que je danse avec lui ? Mais bien sûr ! Je n’attends que ça. Il me touche le bras, fais passer sa main dans mon dos, effleure mes fesses. Je me sens électrisée.Il me regarde dans les yeux, m’embrasse, puis s’écarte un peu pour avoir un peu de liberté dans ses mouvements. Il remet ses bras le long de son corps. Esquisse quelques pas. Mais… Que fait-il ? Pourquoi balance-t-il les bras comme ça ? Il n’entend pas la musique ou il fait exprès de danser n’importe comment ? C’est une blague c’est ça ? Quel humour il a. Bon, maintenant, tu peux arrêter, tu as assez fait le clown. Dansons un peu sérieusement. Non ? Il de dandine, ses yeux dans les miens, regard ténébreux. Mais ça ne colle pas avec son corps qui se trémousse sans cohérence ; sans sex-appeal. Il me sourit. Je détourne le regard et observe autour de moi ; l’autre garçon est toujours à côté et il me lance un regard moqueur. Moqueur ? A moi, la reine du dancefloor ? Je ne veux pas avoir l’air ridicule, encore moins ici, sur cette piste, qui est mon royaume. Je réfléchis à une échappatoire. Je prends un air fatigué et commence à sautiller, comme si mes pieds me faisaient mal. Il remarque. Je lui fais signe que je retourne m’asseoir. Il me suit. Me rattrape et me prend par la main, puis m’embrasse. Je le laisse faire puis le repousse et vais m’installer sur la banquette, comme si j’étais exténuée. Il hésite avant d’aller rejoindre ses amis, qui nous ont suivi des yeux.
J’attends quelques minutes, le temps qu’il se replonge dans une discussion avec eux, puis file à nouveau sur la piste, discrètement cette fois ci. L’autre garçon a l’air de m’attendre. Je me remets à danser, en fermant les yeux, évitant tout contact. Je me repasse ces cinq minutes de cauchemar. Comment peut-on danser aussi mal ? Quand on n’est pas Patrick Swayze, soit on s’abstient en toute honnêteté, soit on prend un peu de recul, et on danse d’une façon un peu marrante. Mais croire, avec autant de sérieux, qu’on danse bien quand c’est une catastrophe… Je ne pense plus qu’à sa maladresse et son ridicule. Berk. Mais non voyons, il est charmant. Bien habillé, cultivé, intéressant, beau. Ne fais pas de fixation là-dessus. Passe outre. Lui au restaurant. Lui en train de danser. Non, lui dans ses belles fringues. Lui et son large torse. Lui en train de danser. Lui m’embrassant. Lui en train de danser. Lui m’enlaçant. Lui en train de danser. Lui en train de danser Lui me faisant l’amour ? Ridicule. Comme il danse. Le garçon mignon s’est encore collé à moi. Je sens son haleine dans mon cou. Je fais brusquement volte-face, mon visage se retrouve au niveau de son cou, très près. Je le hume un instant. Il passe sa main dans mes cheveux. J’arrête son geste, lui sourit, l’air contrit. Je jette un rapide coup d’œil à notre table. Il y discute, il est occupé. Je fais un petit geste de la main à mon gentil partenaire. A la prochaine. Et je quitte la piste, en direction de la sortie. Je récupère mes affaires au vestiaire.
Je respire l’air frais de la nuit. Je lève un moment les yeux vers le ciel. Rien. Je soupire et commence à marcher. Une main attrape la mienne. Je me retourne. La surprise se dessine sans doute très visiblement sur mon visage puisqu’il rit un peu. Qu’est-ce qu’il est mignon ! Nous continuons de marcher, main dans la main. Tant pis pour le premier. Merci pour le resto, mais tu n’as pas passé l’examen avec succès. Essaie à nouveau l’année prochaine. Ou non, n’essaie rien du tout, tu es une cause perdue. L’inconnu de la piste, mon gentil danseur, serre ma main dans la sienne, s’arrête un instant, le temps de m’embrasser, doucement.
Un frisson bien connu. Nous reprenons la marche, sans but précis (ou plutôt sans oser énoncer un but). Rien ne presse.
Nous avons toute la nuit.
Nous avons tout le temps.

mardi 13 mars 2007

Soirée. 2/3

Acte second, le restaurant.
Il ne fait pas les choses à moitié ! Et je n’ai pas l’habitude des petits amis riches comme... de riches parisiens. Généralement, c’est Mac Do et autres fast-foods. Ne leurrons personne : l’argent, ça compte. Et ça rend très séduisant, parfois. C’est le cas pour lui. Heureusement que j’ai bien choisi ma tenue. Hélène m’a aidé. Ma robe noire, dos nu. Noir pour l’élégance, dos nu pour… Enfin, c’est assez explicite. Et mes jolies sandales à talon, les seules chaussures à talon sur lesquelles je tiens. Je les aime bien, parce qu’elles soulignent la finesse de mes chevilles. Et aussi parce qu’elles me grandissent, et j’en ai bien besoin. La tenue idéale pour ce genre de soirée. Un peu trop habillée pour aller au cinéma, mais tout à fait appropriée pour le dîner. A notre arrivée, le maître d’hôtel se précipite vers nous. M.***, votre table est prête. Mademoiselle, puis-je prendre votre manteau ? Nous nous retrouvons installés sur une petite table ronde. Tout ce chic n’est pas nouveau pour moi ; c’est l’aspect romantique, absent des dîners avec mon père, qui constitue la grande nouveauté. Nous dissertons sur la carte. Puis, une fois la commande prise, sur d’autres choses, banales. Je me sens audacieuse, sans doute aidée par le verre de blanc que j’ai descendu en un instant. Je déchausse discrètement ma sandale gauche et tends la jambe. Je touche sa jambe droite avec le bout de mon pied. Il arrête de parler une seconde, surpris. Il me sourit. Puis il reprend où il en était. Je prends ça pour un acquiescement silencieux. Que dit-il, je ne sais pas. Je suis bien trop concentrée. J’appuie plus fort et je monte. Heureusement que ces tables sont petites et que la nappe tombe jusqu’en bas. Une fois de plus, il arrête de parler. Il me sourit, puis, à mesure que je monte, son sourire s’efface. Il me lance maintenant un regard mi-amusé, mi-gêné. Il tourne la tête à droite et à gauche, pour s’assurer que personne ne remarque rien. Quand j’arrive à l’entre jambe et que je sens tout l’effet que j’ai produis, je me sens horriblement gênée et arrête aussitôt. Je remets rapidement ma sandale et me redresse sur la chaise. Nous échangeons un regard coupable et j’ai envie de lui sauter dessus. Le reste du repas est assez tendu. Nous avons encore toute la nuit, calme toi. Il paie, nous nous levons. Mademoiselle, votre manteau. Monsieur, à bientôt j’espère. Nous nous retrouvons seuls dehors. De nouveau, il m’embrasse. Il me pousse vers le mur, m’y appuie, et m’embrasse. Sur le front, sur la bouche, dans le cou. Ses mains se balladent. Les miennes aussi. Et j’ai un sursaut de conscience et de pudeur. Je le repousse doucement. Rien ne nous oblige à aller en boîte, nous pouvons rentrer tout de suite. Mais nous sommes censés retrouver certains de ses amis. Va pour la boîte. Nous avons toute la nuit. Nous avons tout le temps.

lundi 12 mars 2007

Soirée. 1/3

La soirée est censée se dérouler en trois actes. Nous allons d’abord au cinéma (j’ai choisi le film), puis au restaurant (c’est lui qui a choisi le resto) et enfin, un petit tour de piste dans un des club les plus selects.
Acte premier, le cinéma.
C’est le choix du film qui m’a le plus embarrassée. Je ne le connais pas encore très bien et j’ai peur de me tromper dans le choix. Quel genre choisir : romantique, au risque de passer pour une fille trop fleur bleue ou d’horreur, une bonne excuse pour me serrer contre lui; d’action, mais pas très propice au genre de chose que j’attends ; un film un peu intellectuel, mais j’ai peur de paraître prétentieuse (et je n’apprécie vraiment ce genre que seule). Finalement, je me suis décidée pour un habile compromis : une fresque historique qui promet de grandes scènes sentimentales (voire mieux), d’un grand réalisateur. Tout public.
Nous retrouvons devant le ciné. Dois-je l’embrasser pour lui dire bonjour ou quoi ? Il m’embrasse, gentiment, sur la bouche, sans insistance. Un point pour lui. Il est beau, bien habillé. Ca me change de tous les pouilleux que je fréquente généralement : de vraies chaussures en cuir, vernies, et pas d’horribles grosses baskets, un jean sombre et sobre, mais qui ne lui tombe pas sous les fesses (ça non, et qui laisse voir des formes plutôt appétissantes), une veste élégante qui s’ouvre sur une chemise (à manche courte, mais ça, je ne peux pas le deviner) de couleur pâle. On le voyant, je sens mon cœur qui palpite, et j’ai très envie de lui. Il est grand, large d’épaule, comme je les aime ; il est beau !
Le film se révèle assez mauvais. De mon avis ; mais face à son enthousiasme, je modère ma critique. Je ne suis pas bon public et je n’apprécie pas particulièrement la guimauve, et le film en dégoulinait. L’intérêt du film était ailleurs. Pendant les cinq minutes qui ont précédé les bandes-annonces et les dix minutes que celles-ci ont duré, nous discutons. Qu’as-tu fais cette semaine ? Le voyage n’était pas trop long ? « Small talk », comme disent nos amis anglophones. Puis les lumières s’éteignent pour de bon. Noir (total, ce serait exagérer). Le générique commence, il me prend la main. Je suis soulagée ; ce n’est pas si compliqué après tout, les relations. Je pose ma main sur sa cuisse, juste un peu avant l’entrejambe. C’en est presque excitant. Le film me fait oublier l’excitation ressentie à ce contact. Parfois, quand j’y repense, lorsque le film devient vraiment lourd, je caresse sa cuisse, légèrement. Et il me serre la main un peu plus fort. Pour dire quoi ? Arrête ou continue ? Dans le doute, abstiens-toi. J’arrête. Lorsque le générique de fin se met à défiler, il se tourne vers moi, me regarde (mon cœur accélère) et m’embrasse, plus longtemps cette fois. Avec la langue. Un frisson bien connu. Mais le lieu n’est pas particulièrement pratique. Et la soirée ne fait que commencer. Nous sortons et, tout en discutant du film, il me guide vers le restaurant de son choix. Nous avons toute la nuit. Nous avons tout le temps.

RUPTURE 2/4

MONOLOGUE

Le problème c'est le cul.

Je suis pour la sublimation : j'ai vu la Vierge dans un jet d'or (au mieux) et dans le bronze (au pire). J'ai accepté les cadeaux de l'orifice lacéré de George et exploré les côtés sombres de ma personnalité. J'ai connu l'intérieur d'un chien et les slings en cuir. Je n'ai plus peur des chaînes et des visages violets du vice. J'en ai fini avec les fièvres de l'enfant. En revenant chez moi, je n'ai pas su quoi dire : je ne parle pas de mes clients. Saint et sainte, j'ai retrouvé ma couronne.

Mais lequel d'entre eux à su mettre l'absence en laisse. Que faire lorsqu'il n'y a personne, que la voix ? J'ai voulu mourir « -dans le Temps » et je suis resté. Le manque devient frustration , je m'ébranle. La plaie suinte : ni la bonne et même pas assez.


DIALOGUE

-Aujourd'hui, j'ai connu l'Ennui.
-Je le connais tous les mardis.
-Entre rage et désespoir, j'ai voulu pleurer.
-Je dirais deux choses : 1) On se regroupe et on monte un syndicat. 2) Partons à la mer.
-Laquelle ?
-Les deux. Une dernière chose : on se fait une bolognaise pour accompagner les pâtes ?


FEUILLETON TÉLÉVISÉ

Intérieur #2 et intérieur #3 -Reprise au point où nous les avions quittés.
-Oui Bruno, j'ai pensé à ce que nous ferons quand nous nous retrouverons.
-Et que ferons-nous ?
-D'abord je t'embrasserai langoureusement, et je te dirai que je t'aime, que je le sais maintenant que je t'aurai retrouvé. Un long baiser de cinéma, un baiser d'amour, dans un coin, pour que personne ne nous voie. Puis nous irons à l'hôtel, parce que rentrer à la maison prendra trop de temps. Et nous commanderons les mets les plus exquis dans notre chambre. Et le soir nous irons crier nos retrouvailles au couchant.
-Je t'ai trompé…

Intérieur #1
Camilla est devant son ordinateur et sourit à l'écran en tapant frénétiquement. Elle est en peignoir. Elle rit à gorge déployée.
-Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant ri. Basile tu es vraiment drôle !
Elle reprend sa tape frénétique.
-Je me demande quand je pourrai enfin le voir. Il m'a l'air si mystérieux. À quoi peut-il bien ressembler ? Rarement un homme m'aura autant intriguée.
Elle tape encore un peu
-La semaine prochaine ? Et bien c'est parti. Est-ce que j'ai quelque chose à me mettre ? Les soldes sont presque finies...


CONCLUSION

À ceux qui sublimeront la distance, je vais me coucher.
Deux nuits sans dormir c'est vraiment trop.

dimanche 11 mars 2007

RUPTURE 1/4

MONOLOGUE

J'aimerais pouvoir mentir plus longtemps, ce n'est plus possible. Un peu d'affection, tout ce que je voulais. Contact, chaleur humaine. De la bite.

Ce n'est pas suffisant. Je ne suis pas satisfaite. Insuffisant sous tous rapports. Ce que je veux c'est l'amour. Mais sans majuscule. Surtout pas avec une majuscule. Il y a une majuscule au Grand Amour ?

Ce n'est pas ma faute, j'ai essayé. Je devais le voir ce soir. Il ne viendra pas. Quelle excuse lui donner ? Pas besoin d'une bonne, un prétexte usé fera l'affaire.

J'essaie encore, même si un peu moins. Remarque que ce n'est pas sa faute non plus. Il s'est mis sur ma longueur d'onde et j'ai fait semblant que je me mettais sur la sienne. On devait aller faire du roller la semaine prochaine.
Est-ce vraiment impossible ? J'aimerais bien me forcer. Comme cela je le détesterai de plus en plus. J'en viendrai à le haïr et à souhaiter qu'il ne soit jamais venu en travers de mon chemin. Je le haïrai tellement que je pourrai lui faire les pires crasses. Son existence me sera tellement insupportable que j'en perdrai tout ce qu'il y a de bon en moi. Je serai méchante, la méchante. La salope dont les coups sont tellement bas qu'elle ne peut que le faire exprès. Celle qui n'a plus le bénéfice du doute pour elle. On la sait manipulatrice.

Bien sûr je feindrai l'ingénuité. Je ne le ferai pas exprès, de lui faire tant de mal. Appréhension et admiration dans le regard des autres : les féministes se rhabillent. Je serai cette femme forte et il se cachera sous son prépuce trop long.

Certains me diront hystérique.


DIALOGUE


-Je te dérange ?

-Non.
-Tu fais quoi ce soir ?
-Je ne sais pas encore.
-C'est-à-dire ?
-...
-Alors ?
-A priori rien...
-A priori ?
-Cela dépend de ce que tu propose.
-Tentée par une soirée télé ?
-Oui !


FEUILLETON TÉLÉVISÉ


Intérieur #1

-Tu m'as tellement manqué. Viens m'embrasser.
Elle s'avance vers lui d'un air distant. Elle l'embrasse du bout des lèvres, tout en prenant soin de toucher sa joue plus que sa bouche. Ses yeux regardent ailleurs.
-Que se passe-t-il, Camilla ? Il y a un problème.
Elle se retourne, ne pouvant supporter son regard ardent, dans lequel se lisent l'inquiétude, et la flamme du désir qui y brule encore. Elle se mord légèrement la lèvre, mais il ne peut le voir. Elle se retourne, face à lui, l'air décidée.
-Camilla ?

Intérieur #2 et intérieur #3
Chacun est au téléphone chez lui. L'un dans un bureau avec un téléphone filaire. L'autre se tient debout dans son salon, un sans fil à l'oreille.
-L'absence me pèse, Bruno.
-Ce n'est pas facile pour moi non plus.
Le premier se prend la tête entre les mains. Le second soupire.
-J'aimerais que tu ne sois pas si loin.
-Ne crois pas que ce soit facile pour moi.
-Téléphoner, c'est pire. Où va-t-on ?
Bruno s'assied dans son canapé, en laissant passer un instant.
-Tu as passé une bonne journée ?


CONCLUSION

-Je ne peux pas passer la soirée avec toi. Ni aucune autre d'ailleurs.


Et dire que demain je change de forfait de portable.

vendredi 9 mars 2007

Préambule

Au potentiel lecteur invisible.

Qui est Bernard, qui est Eugène ? Ces intrigants auteurs anonymes existent-ils ? Cette nouvelle page -presque plus- blanche est-elle simple moyen pathétique pour un vieux couple fidèle de riches homosexuels ordinaires aux douces tempes grisonnantes d'envoyer de leurs bonnes nouvelles fraîches au vaste monde extérieur ?

Qui est Antoine, qui est Chariotte ? Ces intrigants auteurs anonymes existent-ils ? Le plat feuilleton narratif des jeunes vies mouvementées qui s'exposeront ici, et dont le premier épisode inédit sera diffusé prochainement, est-il inspiré de la vraie vie délirante de vrais personnages réels ? Rien n'est moins sûr. « Je » ne sera jamais celui qu'on croit.

Raconter sa vraie vie délirante, même si ce n'est pas vraiment la sienne, c'est bien gentil, mais qui la lira, si ce n'est un complaisant public ami - de vrais gens réels seront-ils cités ?

Dans le grand magma informe de ceux qui déversent leur amère bile hystérique, convaincus de passionner, l'irréductible snobisme intransigeant doit triompher. Courts articles divers, produits par nos intenses réflexions quotidiennes.

L'essentiel impératif nécessaire n'est plus la vraie vérité vraie de la grande expérience vécue -qu'en reste-t-il après Closer ?- mais son inévitable décalage marginal.

La prétention est sans frontières, nous attendons vos commentaires.

jeudi 8 mars 2007

Tout vient à point...

à qui sait attendre.
Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Le temps est cher en amour comme en guerre.
Euh, non, ça n'a pas trop de rapport. Bref, tout ça pour dire, cher Antoine, que nous n'avons jamais été aussi proches du moment de l'ouverture de notre blog adoré. Patience donc, je souhaite juste que la première fois soit...parfaite.

samedi 3 mars 2007